Je ne suis pas une statue.
Regarde bien !
Ne laisse pas cette couche qu’on appelle du bronze et qui me couvre te leurrer,
Ce n’est qu’une dorure stupide pour que je puisse apparaître mystérieuse..
Je ne suis pas une statue.
Tu peux voir un grain de beauté sur mon épaule gauche.. regarde le bien ; il va ressembler à un petit trou pour toi. Il semble qu’il y ait une intention délibérée de briser la perfection dans la sculpture..
La création vient toujours avec des manques que la mort complémente..
Ne me regarde pas en tant qu’un instant figé.. ce n’est qu’un camouflage aussi.
Il te suffit de remarquer que mon pied droit avance vers l’abîme, tandis que le pied gauche est implanté dans le solide piédestal ; tu saisis le sens ?? Ce.. n’est-il pas le summum de l’hésitation et de la prudence en même temps ?
Qu’est-ce qui peut être plus rationnel et plus vivant que de marcher droit vers l’abîme avec des pas sûrs bien liés au passé ??
Tu as la certitude maintenant que je ne suis pas une statue ?
Je vais te dire quelque chose de très important / peut-être / rien d’important en réalité..
L’important (heheh) est que bien que tu sois capable de sentir au fond de toi en passant ton doigt sur le bronze, solide pourtant, un léger frisson mystérieux bien caché, cela ne veut pas dire que tu vas croire que c’est du bronze vraiment.. que c’est du vivant.
Mais pour nous rassurer encore plus ; et pour éviter l’effroi à l’arbre qui m’offre son ombre (il croit que lui seul connait le secret), mais aussi afin que l’air puisse continuer à se reposer sur la cavité de ma nuque sans peur aucune.. je semble être de dur bronze.
Je ne suis pas une statue : je suis ta peur face à la confrontation..
Est-ce que cela t’a bien terrorisé ??!
Je t’assure qu’après un petit moment tu vas revenir pour parler avec moi en toute confiance.. depuis la certitude que tu auras à ne pas prendre dans tes bras.. ma solitude !…
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Auteur : Amina Senhaji أمينة الصنهاجي
Traduit de l’arabe par : Allal Ferri