RÉPONSE À BOUSSOUF SUR LES DROITS POLITIQUES DES CITOYENS MRE (3) – Dr Abdelkrim Belguendouz

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Dr Abdelkrim Belguendouz universitaire à Rabat, chercheur en migration
Dr Abdelkrim Belguendouz universitaire à Rabat, chercheur en migration

Dans l’édition d’hier de Diwane.net, nous avons reproduit l’intégralité de la déclaration de Boussouf secrétaire général du CCME, sur le volet droits politiques du dossier MRE et formulé quelques observations préalables à ce propos.
1- Nous poursuivons le débat avec le secrétaire général de ce Conseil en reprenant (en italique) chacun des passages de la déclaration avec la référence: le site «Al Oâmk», en émettant nos remarques et observations à travers quatre autres parties.
2- La direction du CCME est aussi responsable que les gouvernements successifs et les majorités parlementaires respectives, de la non effectivité des droits politiques des citoyens MRE.
3- Double langage du secrétaire général du CCME et non existence d’un avis consultatif du Conseil relatif à la représentation MRE à la Chambre des Conseillers.
4- Le secrétaire général du CCME a combattu l’action responsable des partis politiques et des parlementaires en matière de droits politiques des citoyens MRE.
5 – Il y’a loin du CCME (Conseil de la communauté marocaine à l’étranger) à la CCME (communauté des citoyens marocains à l’étranger) !
Voici aujourd’hui la deuxième partie: la direction du CCME est aussi responsable que les gouvernements successifs et les majorités parlementaires respectives, de la non effectivité des droits politiques des citoyens MRE.
LE SITE «AL OAMK»
Le secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l’Etranger (CCME) Abdellah Boussouf estime que le gouvernement et le parlement assument la responsabilité de priver les Marocains du monde de la participation politique. «C’est le gouvernement, dit-il, qui soumet les projets au Parlement, et les lois sont discutés et votées au sein de l’institution législative».
NOS NEUF REMARQUES ET OBSERVATIONS
Neuf points seront soulevés dans cette discussion :
– le trio dirigeant du CCME contre la pleine citoyenneté des MRE ;
– exemples d’arrogance et de mépris ;
–  le livre du CCME d’octobre 2013 : des arguments avariés et éculés ;
– quelques déclarations représentatives et significatives du trio dirigeant du Conseil ;
– une directive royale non suivie ;
– le Mémorandum urgent des « Cinq » au président du CCME ;
– démission du CCME de Abdou Menebhi ;
– une revendication respectable ;
– pour une politique du vrai.

1- Le trio dirigeant du CCME contre la pleine citoyenneté des MRE :
Dans le cadre de notre dialogue avec le secrétaire général du CCME, nous voudrions d’abord exprimer notre plein accord sur la responsabilité manifeste des gouvernements successifs et de leurs majorités respectives (avec toutefois des nuances pour certains partis politiques comme nous le préciserons plus bas) dans la privation des Marocains  de l’extérieur de la participation politique et de la représentation parlementaire à Rabat. Nous reviendrons plus loin sur ces deux types de responsabilité pour respecter l’enchaînement de la synthèse reproduite par le site « Al Oâmk Almaghribi ».
Dans ce qui suit, nous voudrions montrer, preuves à l’appui, en donnant les références précises et les sources, que cette responsabilité incombe AUSSI
à la direction du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger. Ses responsables, à savoir juridiquement ses deux responsables (le président et le secrétaire général nommés par dahir (n°1-08-08 et 1-08-09 du 21 décembre 2007), plus un chargé de mission (membre du Conseil et contractuel, qui avait pris le titre usurpé de « directeur », « coordinateur général » ou « membre dirigeant »), avec la compromission de leurs deux conseillers qui se sont succédés, ont tous leur part, volontaire et indéniable, dans le blocage et le maintien de l’exclusion des citoyens MRE de la jouissance effective pleine et entière de leurs droits politiques par rapport au Maroc , que leur confère la Constitution.
Ces trois responsables sont sortis de leur obligation de réserve et du statut même de l’institution qu’ils dirigent, en «militant» activement et publiquement de surcroît, pour une approche antidémocratique, dédaignable, négligeable et méprisable de la citoyenneté des MRE. Ils se sont posés comme un milieu réfractaire, des poches de résistance et des opposants farouches à cette participation. Ils ont, chacun à sa manière, mais collectivement solidaires, mené depuis la création du CCME, des campagnes et pris des initiatives multiples de décrédibilisation, de déconsidération et de déligitimation de la participation politique et de la représentation parlementaire des citoyens MRE au Maroc, à partir de circonscriptions électorales législatives de l’étranger.
Dans le cadre d’une offensive « idéologique » d’envergure, ce trio dirigeant du CCME  a considéré les Marocains résidant à l’étranger, non pas comme des citoyens à part entière, mais entièrement à part, des sous-citoyens, des citoyens incapables et mineurs politiques, manquant encore de maturité, perméables aux slogans réducteurs, à la surenchère politicienne, et mus foncièrement par des intérêts purement personnels et égoïstes…
2- Exemples d’arrogance et de mépris :
Avant de revenir longuement sur ces aspects dans les trois prochaines parties de cette contribution au débat public pour l’action, livrons ici  quelques exemples parmi tant d’autres, de l’expression de cette opposition viscérale à la représentation parlementaire à Rabat des citoyens MRE.
Ainsi, lors d’une conférence donnée à la mi-novembre 2008 à New York dans le cadre d’une O.N.G. de Marocains aux USA, la revendication du droit à l’éligibilité parlementaire des citoyens marocains à l’étranger, est considérée  par le président du CCME comme une revendication « purement personnelle et égoïste», renvoyant aux «intérêts personnels de certains»  (Propos tenus par le président du CCME, Driss El Yazami, dévoilés par une cassette diffusée fin novembre 2008 sur You Tube) .
Cette conception méprisable de la citoyenneté développée par le président du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger, trouvera même des émules à ce moment-là, ainsi que lors de l’élaboration du projet de constitution de 2011 et à bien d’autres occasions qui seront rappelées ici, parmi les autres dirigeants du Conseil.
Ainsi, lors du séminaire international organisé à Casablanca par ce conseil les 18 et 19 juin 2011, le secrétaire général du CCME, Abdellah Boussouf, répondait à ceux (comme l’auteur de ces lignes), qui interprétaient l’article 17 du projet de constitution comme donnant la possibilité d’être éligible à la Chambre  des Représentants, à partir des pays de résidence, sous réserve du contenu de la loi électorale qui devait suivre, que cette interprétation était de la «pure surenchère politicienne » (!) .
La récidive a été entreprise également notamment dans la préface du secrétaire général du Conseil au livre en arabe du CCME d’octobre 2013 : « la question de la participation politique des Marocains  du monde, renvoie à de multiples problématiques et défis ; cette question a été le plus souvent posée en termes simplistes  à travers des slogans réducteurs qui s’interdisent de prendre en considération la complexité de ces problématiques » (édition en arabe, p,7).
De même, à l’opposé de l’approche démocratique, Driss Ajbali, directeur-coordinateur général (à l’époque) du CCME, déployait dans l’hebdomadaire casablancais «Actuel» numéro 99 du 17 au 24 juin 2011, le plaidoyer antidémocratique, arrogant et méprisant suivant. Pour lui, la représentativité dans l’une des deux chambres du parlement est loin d’être évidente. Les partisans de cette représentation « sont très peu nombreux et s’accrochent religieusement au discours royal de 2005 » (!!!), comme s’il ne fallait pas garder au discours royal toute son honorabilité, sa respectabilité et sa crédibilité.
Pour Ajbali, précise la revue qui cite les propos de l’auteur, « la participation politique ne peut être résumée en un mandat parlementaire. Et tous ceux qui veulent devenir députés aujourd’hui, ont le même profil : ils ont échoué dans leur projet de vie et d’intégration dans les pays de résidence. Ils veulent se notabiliser  sur le dos des Marocains » (!!!)
Autrement dit, la société civile MRE qui a revendiqué depuis des années, ce droit de participer à la chose publique au Maroc (au travers notamment de pétitions, mémorandums, journées d’études, de multiples délégations au Maroc, de rencontres avec des acteurs politiques, syndicaux, des responsables gouvernementaux, les groupes parlementaires, des sit-in devant des consulats et ambassades du Maroc, le recours devant la Chambre administrative de la Cour Suprême, des correspondances au Cabinet royal, l’édition de livres etc…), n’est constituée que de ratés, des bons à rien !
Sans autre commentaire de notre part !

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