” On m’appelle…..et je me cherche encore un nom “(O! Pluie, tombe, tombe) écrit en langue française 2006, Ali Massou تسالني عن اسمي”” ( Ali ) écrit en Arabe en 2016 , Ali Massou.
Le narrateur dès le début, dans les deux romans ( “O Pluie tombe tombe” et”Ali” ) se cherche et s’inquiète. Donc, il écrit pour s’interroger et interroger le réel et le rêve .Le besoin de l’écriture est présent aussi dans les deux romans :” Je me penchais sur la page…j’ouvrirais une fenêtre sur la rue ; j’écrirai ” (O Pluie …) خذ القلم ياعلي واكتب ” ” (Ali) . Pourquoi écrire ? Écrire pour bien voir .Mais, est ce que la langue dit la vérité ? Exemple dans (O! pluie, tombe, tombe): “La langue nous fait parfois mentir ” et “” لغتنا اليومية تشبه في فقرها لغة السائح” ” dans (Ali) .En effet, des fois la langue ou le langage ne parvient jamais à décrire le réel, à le dire. Le langage est donc, par définition, infidèle au réel, comme le soutient Henri Bergson dans Le Rire. La langue nous fait mentir tout simplement parce qu’elle ne représente pas vraiment nos pensées et nos idées …Ainsi, la langue tente toujours de décrire une vérité qui lui échappe et qui elle-même n’a pas d’importance dans le roman voir même dans la vie. Et pourtant, le “narrateur” va écrire c’est la seule fenêtre qui reste pour s’interroger …pour poser des questions…des questions et encore des questions mais malheureusement elles resteront sans réponses.
La majeure question posée dans les romans “O! Pluie tombe tombe” et “Ali” est celle de l’homme face à la fatalité : l’homme n’est pas libre, il est captif. Il est condamné par la vie qu’il mène et par le lieu où il vit .La médina ne peut plus offrir de grands chemins comme il est clair dans le roman de ” Ali ” :
(يحترق.. ,الانسان فيها يصيح الى حد الاختناق : المدينة تشبه مسرحا غريبا ). Oui, la médina condamnait les gens, ses gens, exemple des personnages Jilali, Barigou, Biga et Yamina, et le narrateur lui-même ( O Pluie tombe tombe) , ne savent plus vivre dans une médina comparée à une mère égoïste et violente ” la médina condamnait ses gens….la médina était comme une mère égoiste et indifférente” (O Pluie…). Ils vont finir par la vendre. Au début , le narrateur parlait de la ville de Jerada ( dans O! pluie ,tombe tombe ),mais par la suite il parait qu’il généralise comme dans l’exemple du personnage “Amigo” qui disait que même l’ Etranger était un enfer et la médina est loin d’être l’ Eldorado ,le paradis promis .
Face à cette situation le romancier se cherche. Face à cette difficulté de VIVRE, car il trouve que la vie est si pauvre, si insignifiante, il a choisi de prendre le roman comme d’autres ont pris la mer pour exister ou mourir. Il est créateur et créé, ses propres personnages le créé. Quelque chose de lui (narrateur) vie et crie dans chacun de ses personnages. Dans le roman “Ali” comme dans le précédent ( O ! pluie ,tombe tombe), l’auteur essaye de nous parler de l’homme face à l’existence ( l’existentialisme , courant de philosophie plaçant au cœur de la réflexion l’existence individuelle, la liberté et le choix personnels ,thèmes qui furent traités en littérature au XIX et XX siècles par des écrivains célèbres comme Simone de Beauvoir et Jean Paul Sartre ….) .
Cette créature ,misérable ,depuis qu’elle quitte le flanc maternel, est exposée à tous les dangers possibles .L’homme n’est que la victime de la nausée, de ce sentiment d’angoisse qui saisit parfois ,pour ne pas dire toujours, les individus devant le spectacle de la vie .Ali Massou pose dans ses deux romans ce qui a été déjà posé dans” Antigone” de Jean Anouilh à savoir la déception et l’échec total de l’homme face à l’existence : il se heurte malgré lui ,à la peur ,à l’angoisse, à l’inquiétude, à ce phénomène absurde qu’est la mort ? Ali)
” سؤال الموت يؤرقني”……? ايموت فريد وفي صدره لحن الخلود à la solitude, au vieillissement à” أنت أكبر مني سنا ” ,.il perd sa famille, ses biens aimés (-Ali) ” نادى الرحيل بالفراق فهل بعده لقاء ,” ” حياتك يا على تحب لعبة الفراق لعبة الاتصال و الانفصال, كم من تاج مهلات شيدتها “
, sa jeunesse qu’il essaye vainement de préserver contre l’injure du temps .Il peut rencontrer l’échec quand il aime , la déception quand il spécule sur son avenir ” قبلتني امي قائلة ” مستقبلك رفيع يا علي” (Ali). C’est pour toutes ces raisons que l’homme refuse la vie et préfère se jeter et se noyer dans la mer, d’autres se RESIGNENT et trouvent refuge dans l’écriture qui leur permet de se s’élever contre cet échec et cette déception.
Est-ce que cette déception ne concerne que l’Arabe ? Non, le romancier parle de l’homme en général même si les Arabes ne sont pas heureux, ne sont pas solidaires pire ils s’entretuent. Ali Massou a réussi à mettre en scène le conflit entre l’homme et la vie, entre l’homme moderne et la fatalité. Ali Massou se soucie davantage des angoisses de l’homme du XXIe siècle pendant plus de dix ans, .L’homme suit son destin et ne peut rien changer ,l’homme doit se résigner et accepter son sort , tel est le thème qui préoccupe notre romancier dans son roman “Ali” écrit en 2016 et qu’on trouve aussi dans son roman “O ! Pluie, tombe, tombe ” écrit en 2006. Des préoccupations et des réflexions qui ont duré plus de dix ans …. !
L’individu , donc , a vécu les misères et les horreurs et en a certainement souffert. Ali Massou semble avoir dépassé dans ses deux romans les soucis quotidiens de l’homme , ses problèmes de tous les jours pour évoquer d’autres problèmes plus sérieux et qui incitent l’homme à y réfléchir . Ces problèmes sont la véritable raison d’être de l’homme : Pourquoi existe-t-il ? Quelle est sa mission dans la vie ? Est ce que la mission de l’individu et sa raison d’être est d’avoir un idéal dans la vie et de chercher par tous les moyens à le réaliser ?
Enfin , le lecteur se demande est-ce que l’auteur a raison ou a tort sans pouvoir satisfaire sa curiosité puisque la question posée ou les questions posées dans ces deux textes (O Pluie tombe tombe) et (Ali) restent sans réponses – Dans cette modeste étude,nous ne prétendons pas avoir étudié tous les aspects et tous les thèmes dans ces deux romans d’Ali Massou . D’autres études pourront dégager d’autres inteprétations et cela est du , naturellement, à la richesse de tout texte littéraire .