Isolement total – Kacem Loubay

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 Fallait-il que je soupire
Que je pleure
Ou que je me révolte
Les uns qui rient
Les autres qui mènent la belle vie..
***

Les uns usent de l’overdose
Pour fuir la terre et les soubresauts
Qui sniffent et se voient ailleurs
Qui atteignent les sphères du cosmos
Qui se sentent aériens..
***

Ces autres qui ont l’autre overdose
De voir que le ciel s’est obscurci
Que les volutes de neige tombent
Dans le silence infernal des toits
Où le feu timide lèche les visages tuméfiés
L’absurdité d’une demeure cloisonnée
Eux qui ne tendent jamais la main
Qui vivent depuis la nuit du temps
Dans la dignité phénoménale
Qui croient dans les forces obscures
De la mysticité qui vient d’en haut..
***

Chacun ne peut vivre que sa vie
Chacun ne vit que sa propre destinée
On peut se croiser, rire ou pleurer ensemble
Mais la grande cruauté de l’être
C’est de voler le bien être d’autrui
De bâtir des bâtiments climatisés
De dilapider la richesse entassée
Et de délaisser ces millions de gens
Dans des geôles en plein jour
Sous la tempête inattendue de l’hiver
Dans des ghettos ouverts aux intempéries
Sans bois de chauffage, sans habits
Sans électricité, ni routes, ni hôpitaux
Ceux qui n’ont que le ciel à implorer
Quand ces frères-ennemis décident
De les enterrer vivant dans l’indifférence..
***

Fallait-il que je pleure, râle ou crie ma nausée
Mon dégoût atemporel est crucial
De juger ces hommes pour les mille méfaits
De les incarcérer dans ces mêmes lieux
De subir l’affront de la nature et ses changements
Et de sentir pour une fois le grand délit
De condamner des concitoyens à l’isolement total..

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